Prédestination, voyance et libre arbitre
Publié le Divination
La prédestination, au sens religieux (et chrétien) du terme, désigne la situation de celles et ceux auxquels Dieu aurait accordé sa grâce par avance, avant même leur passage sur Terre. Elle remet en question le principe du salut personnel que l’individu obtiendrait par la somme de ses choix, de ses actions, de son repentir, ou l’exercice même de sa volonté propre.
Au sens commun, est prédestiné celui dont les actions, en apparences libres et résultant du libre arbitre, sont au contraire fondées sur une causalité qui échappe à sa volonté et l’amènent à agir selon un destin dont le cours et le terme sont régis par des lois infrangibles.
La voyance doit elle aussi se charger de répondre à cette question : si une prédiction révèle à un individu un événement futur, son avenir est-il pour autant déjà écrit ? C’est la thèse à laquelle nous allons tâcher de réfléchir ici.
Prédestination, déterminisme et fatalisme
Les débats théologiques autour de la prédestination existent depuis que Saint Augustin formule la thèse selon laquelle Dieu aurait prévu d’accorder sa grâce à certains individus, élus depuis toujours et destinés à bénéficier de la vie éternelle. D’autres théologiens forcent le trait et étendent cette idée à celle du péché, retirant à l’Homme toute volonté propre : les graciés ne seraient plus les seuls à être prédestinés, les pécheurs le seraient aussi, et avec eux disparaîtraient toute possibilité de rédemption.
La Genèse postule cependant qu’Adam et Eve, et l’humanité avec eux, auraient à l’origine disposé du libre arbitre, puisqu’ils choisissent de désobéir à Dieu en goûtant au fruit défendu. Cette opposition illustre les multiples controverses qui animent les théologiens.
L’exercice de la divination rejoint inévitablement ce débat : lorsqu’un voyant ou un médium interroge l’avenir et prédit qu’un événement futur va se produire, ne postule-t-il pas que celui-ci est déjà écrit dans le canevas de la destinée ? Le fait même d’admettre que l’on peut prédire l’avenir suppose que le futur existe avant même de s’être produit. En revanche, ce même voyant ne dit-il pas à la personne venue le consulter qu’il peut agir sur le cours de sa vie et opérer un choix éclairé ?
Le fatalisme consiste ainsi à dire que le destin du monde et tout particulièrement celui des hommes échapperait à l’exercice de leur volonté, que la liberté serait de fait illusoire et qu’une providence (divine, historique) régirait le monde.
Le déterminisme est quant à lui l’approche philosophique, métaphysique et purement laïque de la prédestination : il repose sur l’idée que les causes entraîne toujours les mêmes effets selon un cheminement nécessaire (qui ne peut pas ne pas être) et aveugle. La raison de cette causalité ne suppose pas un plan (divin ou cosmique) mais, sans être le produit du hasard, un ordre du monde sans intention.
L’avenir est-il déjà écrit ?
Ai-je un destin ? Le futur est-il déjà écrit ? La réponse de la voyance est à la fois oui et non. En effet, l’approche médiumnique valide en même temps qu’elle rejette l’idée de la prédestination. Oui, l’avenir peut être connu et révélé : en ce sens il est déjà écrit. Mais un individu averti échappe à son destin en exerçant sa liberté sur le cours de sa vie. Il n’y a pas de machine infernale, de destinée inéluctable lorsqu’une prémonition vous révèle un événement futur. En ce sens, vous pouvez réécrire votre histoire à l’infini.
Pour illustrer cette idée, il nous faut nous référer à un exemple poétique, celui issu du personnage de Corto Maltese, créé par Hugo Pratt. Dans son roman intitulé La Ballade de la mer salée, Hugo Pratt confronte Corto Maltese à une diseuse de bonne aventure. Celle-ci, versée dans l’art de la chiromancie, interprète les lignes de la main du héros et lui révèle son destin. S’ensuit ce dialogue :
Corto, tu savais que dans ta main il manque une ligne de chance ?…
Ce jour là était un samedi. Corto prit le rasoir lisse en argent […] La lame scintilla. Il ouvrit la main gauche et, sans la moindre hésitation, y dessina un long sillon profond… […] désormais, Corto Maltese avait une belle ligne de chance…
Hugo Pratt, La Ballade de la mer salée
Tout comme le personnage d’Hugo Pratt, qui décide d’écrire par-dessus les lignes directrices de son existence et montre la puissance de sa volonté propre, vous aussi êtes libre de créer votre futur et de donner l’orientation de votre choix à votre vie.
Le libre arbitre et l’exercice de sa liberté individuelle
Le libre arbitre est un concept cher aux médiums et aux voyants. Sans lui, leur travail sombre dans l’inutilité. A quoi bon en effet s’échiner à décrypter les signes, communiquer avec les esprits ou lire l’avenir si ces révélations sont inutiles ?
Précisément parce que la prédestination est une donnée qui peut être surmontée par la lumière des révélations faites pendant une consultation de voyance en ligne, par exemple. Plus une vision est claire, précise, circonstanciée, plus la prédiction qui en résulte est fiable, plus elle a de chances de se produire, et meilleur pourra être l’exercice de votre libre arbitre.
Dûment avertie et préparée, votre volonté ne saurait être mise en déroute par les circonstances et les événements. Prédestinés, certes, mais libres d’agir en conscience face aux événements.