La xénoglossie, faculté de parler une langue inconnue
Publié le Spiritisme
Définition et étymologie
La xénoglossie, du grec xeno, qui signifie « étranger, différent », et glossa, qui signifie « langue, langage » est un substantif féminin qui décrit l’aptitude hors du commun de s’exprimer en une langue étrangère radicalement nouvelle, et tout à coup spontanément maîtrisée.
Le mot qui sert à désigner ce phénomène qui résiste à toute explication scientifique convaincante a officiellement été inventé par le français Charles Richet, Prix Nobel de médecine en 1913 et scientifique reconnu pour ses travaux en matière de parapsychologie.
Le terme xénolalie, dont l’étymologie est voisine (le vocable grec laleo, qui signifie « parler, discourir » remplace glossa) est synonyme.
Le mot « xénoglossie » a plusieurs définitions très voisines : stricto sensu, il désigne, chez un individu, la capacité à utiliser une langue étrangère jamais apprise, parfois même jamais entendue, pour communiquer.
Et s’il s’agit toujours de s’exprimer dans un idiome étranger sans apprentissage préliminaire, on peut employer ce mot dans un contexte qui ne concerne pas uniquement le langage oral, mais également la langue écrite (on parlera alors de xénographie), ou le déchiffrage de textes en langue étrangère.
Il faut toutefois distinguer la xénoglossie de la glossolalie, qui est l’expression dans un langage articulé ressemblant à une langue humaine, mais qui ne correspond en réalité à aucune langue connue et ne signifie rien. Cependant, il est important de le préciser, pour les Chrétiens cette langue inconnue des hommes est comprise par Dieu, à qui est destiné tout le discours glossolalique (qui survient d’ailleurs le plus souvent au cours d’une transe religieuse).
Parfois, cette faculté ne se manifeste que lors d’une transe (par exemple médiumnique), ou une altération profonde de la conscience, parfois elle apparaît soudainement sans signes précurseurs et disparaît de la même manière.
Une faculté associée au médium
La xénoglossie est souvent l’apanage du médium spirite. Celui-ci, de par sa capacité à communiquer avec les Esprits, peut développer cette aptitude lorsqu’il se plonge dans un état de transe au cours duquel il accueille l’esprit d’un défunt qui peut alors utiliser sa voix pour délivrer un message ou une prédiction.
Lorsque celle-ci a lieu dans la langue de prédilection du défunt, et que celle-ci est inconnue du médium, alors le phénomène de xénoglossie est caractérisé.
Il est fréquemment rapporté que des médiums, au cours d’un état de conscience modifié, s’expriment avec un accent, une intonation ou des tics langagiers qui ne sont pas les leurs. Ce n’est que plus rarement, et de manière plus spectaculaire également, que certains se mettent spontanément à s’exprimer dans des langues inconnues d’eux, ou même des langues qui n’ont plus cours (le grec ancien, le latin, l’ancien égyptien ou même l’araméen font partie des cas rapportés).
Dans certains cas le médium comprend la langue qu’il parle, dans d’autres, il forme des mots et des phrases qui n’ont aucun sens pour lui, mais que les locuteurs de la langue concernée comprennent parfaitement.
Yvonne-Aimée Malestroit, un cas célèbre en France
Au cours de la première moitié du 20ème siècle, la religieuse française Yvonne-Aimée de Malestroit (née en 1901 et décédée en 1951), outre les nombreux phénomènes de bilocation que l’on a recensés de son vivant, ainsi que les multiples prémonitions qui émaillèrent sa vie, a également été capable de xénoglossie, comme en atteste l’ouvrage écrit par Mgr. René Laurentin et le Dr. Patrick Matheo, Bilocations de Mère Yvonne-Aimée de Malestroit.
Pieuse dès le plus jeune âge, sa vocation religieuse naît très tôt, si bien qu’elle décide de mettre son existence au service de Dieu et des plus pauvres. Résistante engagée pendant la Seconde Guerre Mondiale, décorée à la Libération de la Légion d’Honneur par le Général de Gaulle pour son courage et son dévouement, elle aura prédit sa propre arrestation par la Gestapo, et sera parvenue à s’évader de son lieu de détention sans que l’on puisse expliquer rationnellement ce prodige.
Sa faculté de xénoglossie s’est manifestée devant de nombreux témoins. L’ouvrage de Mgr. René Laurentin mentionne les dates et les heures précises où cette capacité est apparue, et mentionne les langues utilisées, le tout assorti du nom des témoins, qui sont le plus souvent des prêtres ou des sœurs à la probité reconnue. Elle aura ainsi été en mesure de parler spontanément des langues aussi diverses que le russe, l’italien, l’espagnol, le japonais ou encore l’allemand, qu’elle n’avait bien sûr jamais apprises ni pour certaines entendues au cours de sa vie.
Voici un témoignage recueilli auprès de l’une des sœurs qui a cotoyé mère Yvonne-Aimée Malestroit (qui n’était que novice au moment des faits). Particulièrement circonstancié il concerne un fait de bilocation et d’expression en langue asiatique survenu le 9 septembre 1927 :
Autre fait notable, l’ouvrage énumère également chacun des cas de bilocation (voir à ce sujet le cas de Emilie Sagée), là encore signalant systématiquement les lieux (parfois séparés par des milliers de kilomètres) où mère Yvonne-Aimée de Malestroit fut vue simultanément, les dates et les noms des témoins oculaires, présents sur les lieux. Ceci permet d’accréditer significativement les témoignages.
Le cas de cette religieuse ne cesse aujourd’hui encore de susciter la fascination, bien que la médiatisation n’ait pas été très importante. En effet, alors qu’un processus de béatification avait été initié, l’institution religieuse a préféré ne pas trop ébruiter l’affaire en interdisant pendant plusieurs décennies la diffusion d’une biographie, jusqu’en 1985, où un ouvrage sera dédié à sa vie et aux phénomènes hors normes qui ont marqué son court séjour sur Terre.