Le sujet du livre
Que les prestigieuses Presses Universitaires de France (PUF) acceptent que paraisse un ouvrage dédié à une discipline aussi sulfureuse, que celui-ci soit conduit par un médecin psychiatre, chercheur à l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) de surcroît, voilà qui laisse augurer le meilleur pour Le Paranormal de Philippe Wallon.
Ce livre, ainsi que son titre le laisse entendre, traite du paranormal, et ce faisant, aborde le surnaturel. La finalité de cet ouvrage est de dépasser la bataille que se livrent la science et la parapsychologie pour faire admettre la « réalité » (ou l’irréalité, selon le parti que l’on prend), des expériences extrasensorielles.
Le fait même d’utiliser les mots « paranormal » et « surnaturel » est connoté. Cela implique un positionnement orienté : à savoir que les phénomènes décrits se situent en marge de la normalité (c’est là le sens du préfixe para-) ou n’appartiendraient pas à la nature. Cependant, pour celles et ceux qui font un usage quotidien de ces facultés, ou qui sont exposés à ces phénomènes fréquemment, rien n’est plus normal ou naturel que leur existence.
Ici donc, ces deux mots sont interchangeables, ou presque.
Les phénomènes paranormaux décrits
Le Paranormal de Philippe Wallon consacre une large partie de son contenu à la description raisonnée des principaux phénomènes qui appartiennent à la réalité surnaturelle.
La télépathie, la bilocation (dédoublement), la voyance, la psychokinèse, la médiumnité (et même les esprits frappeurs) sont tour à tour examinés : à la définition succèdent des témoignages, et aux témoignages un descriptif de l’état de la recherche en cours.
À la voyance est dédié tout un chapitre : savoir ce qui ne s’est pas encore produit, avant même que cela se produise, ou au contraire, ce qui s’est produit dans le passé (au-delà de toute connaissance empirique), voilà qui stimule les foules et la curiosité. Et l’auteur d’évoquer une expérience personnelle, face à une voyante dont il vient d’entendre la prédiction (avérée).
Philippe Wallon ne manque pas d’évoquer les mystifications, car elles existent. Il évoque ainsi le cas de l’Église de Delain et des faux « poltergeists » mis en scène par le maire du village, Thierry Marceaux, démasqués par une enquête de gendarmerie diligentée sur les lieux prétendument paranormaux. Elles aussi appartiennent au champ d’investigation des sciences, et doivent être comptabilisées.
Mais que dire des phénomènes qui n’ont pas (encore) trouvé d’explications ? Que dire du suaire de Turin, dont la trace est considérée comme une manifestation psychique capable d’imprégner un tissu ? Qu’il faut les soumettre à « l’examen scientifique des faits », grâce auquel la vérité se fera jour.
Les sciences face au surnaturel
Si l’habituel est la normalité et que l’inhabituel est le paranormal, alors toute manifestation inhabituelle appartient à ce registre. Cependant, ce syllogisme est dangereux. Que dire du fortuit ? Une coïncidence appartient-elle, du fait même de sa rareté, au paranormal ?
Ne risque-t-on pas de confondre un phénomène positivement surnaturel avec la rencontre de deux hasards, cette occurrence formant simplement une anomalie statistique ?
Seule la méthode scientifique, par exemple les expériences en double-aveugle, permettront de se prémunir de telles errances. Il faut écarter tout faux positif. Passer au crible les faits, se méfier des apparences, et gratter la surface du paranormal pour en extirper l’essence.
Faire de la parapsychologie une simple extension du domaine de la science, permettre à celle-ci de lever le voile sur ce qui échappe encore à l’entendement, lui permettre de décrire au-delà de tout doute raisonnable la réalité du phénomène, voilà l’entreprise qui donnera à la voyance la crédibilité qu’elle mérite. À lire cet ouvrage, on comprend sans peine que c’est à cette recherche qu’aspire Philippe Wallon, dans Le Paranormal.