Charles Tart
Le Psychologue, la science et l’extraordinaire
Une introduction à la parapsychologie
Publié le Livres sur la voyance
Le sujet du livre
Le Psychologue, la science et l’extraordinaire, de Charles Tart, réfléchit à ces expériences extraordinaires qui peuvent, au détour d’une vie, frapper un individu, que celui-ci soit parti en quête de ces expériences, ou qu’il ne l’ait pas le moins du monde cherché et qu’elles se soient imposées à lui. L’auteur s’empare donc d’un sujet relevant de la « spiritualité » (qu’en Europe on appellerait plus volontiers paranormal) et le traite en l’examinant du point de vue de la science.
Ce faisant, il démystifie – débunke comme on dirait aujourd’hui – le traitement scientifique des faits relevant du spirituel, traitement qui a jeté la suspicion sur toutes les manifestations (télépathie, clairvoyance, psychokinèse…) auxquelles il n’a pas su apporter la moindre preuve, oubliant que « l’absence de preuves n’est pas la preuve de l’absence », selon l’adage.
Ces expériences fugitives ébranlent la personne qui les vit, ses convictions, sa rationalité, son cartésianisme, et font vaciller son être tout entier. Il peut s’agir, par exemple, d’une communion aussi soudaine qu’éphémère mais intense, avec l’univers, ou bien d’un pont jeté entre l’ici-bas et l’au-delà, par-delà l’éternité, ou encore d’une capacité (psychique) d’action nouvelle sur le monde (physique et naturel), comme l’action psychokinétique.
Il s’agit d’apporter une base scientifique solide à l’analyse de ces expériences et à en démontrer la réalité. Comprendre : une expérience spirituelle extraordinaire n’est pas une illusion de l’esprit trompé par un phénomène (comme le fameux bâton, qui plongé dans l’eau, semble déformé mais ressort intact, en vertu de l’illusion d’optique bien connue).
Charles Tart, le scientifique, le psychologue et le parapsychologue
Docteur ès psychologie après une thèse soutenue en 1963 à l’University of North Carolina at Chapel Hill, professeur à l’UC Davis (Université de Californie à Davis), université de renommée mondiale, où il a enseigné la psychologie pendant 28 années (1966 – 1994), Charles Tart est désormais membre de l’Institut de Psychologie Transpersonnelle de Palo Alto (Californie) et chercheur L’Institute of Noetic Sciences en Californie. Mais ses titres ne s’arrêtent pas là : il a occupé, entre autres fonctions prestigieuses, le poste de consultant en recherche sur la parapsychologie à l’Institut de Recherche de Stanford, celui de formateur en psychiatrie à l’école de médecine de l’Université de Virginie, ou encore celui de titulaire de la chaire Bigelow, spécialisée dans l’étude de la conscience, à l’université du Nevada.
Les états de conscience modifiés ont été et restent aujourd’hui encore son sujet de prédilection. Ceux auxquels Charles Tart s’intéressent plus particulièrement ? Tous ce qui relève à proprement parler de la parapsychologie : la communication à distance, la vision à distance, et bien sûr la voyance (appelée plus scientifiquement précognition), ainsi qu’une multitude d’autres (voir plus bas, la section « Sujets de recherche ».
La méthode scientifique
La méthode de Charles Tart, présentée dans Le Psychologue, la science et l’extraordinaire, consiste à utiliser l’approche scientifique pour interroger des hypothèses métaphysiques, relevant de ce que l’auteur qualifie de « spiritualité », et qui sont précisément les questions auxquelles la science ne parvient pas à apporter de réponse, incluant les états modifiés de conscience.
La rigueur de l’expérimentation et des protocoles scientifiques permet de valider les expériences menées et d’écarter la subjectivité du chercheur ou l’interprétation erronée des résultats. Cependant, la science n’est pas le scientisme : utiliser la méthode sérieuse d’investigation et de contrôle des expériences ne revient pas à déclarer que seules sont valides les conclusions qui revêtent une apparence scientifique. Au contraire, ceci est une pathologie de la cognition qui entrave la recherche et l’accession à la vérité.
Déconstruire les croyances limitantes qui entravent l’accès de l’esprit occidental au spirituel est la première étape, appelée le « credo occidental ». Elle consiste à observer l’effet qu’a sur soi l’énumération d’assertions affirmant la prééminence du matérialisme. En voici quelques unes :
- hors de la matière, rien n’existe ;
- la mort est la fin de la vie ;
- ou encore, l’esprit est une émanation de la matière, le fruit de signaux électriques et de réactions chimiques.
Certains des plus éminents scientifiques, notamment le physicien britannique Stephen Hawking, dans l’ouvrage Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers ?, qu’il a écrit en collaboration avec son homologue américain Leonard Mlodinow, s’est ainsi dit capable d’expliquer le monde sans recourir à l’idée de Dieu. Selon eux, la science peut tout expliquer. Un matérialisme que Charles Tart combat activement et dont il entend prouver qu’il résulte d’une mauvaise utilisation du raisonnement scientifique, qui sert simplement une idée préconçue et récolte toutes les données qui valident cette idée sans récolter les autres.
Comprendre de quelle façon ces idées agissent sur nous au quotidien, sans même que l’on s’en aperçoive et le premier pas. Se défaire de ces lunettes déformantes pour en chausser qui accueillent une expérience pour ce qu’elle est, un simple événement.
Une fois constaté, donc, l’effet produit sur son esprit par ce scientisme moderne, effet qui est la base du « conflit entre spiritualité et scientisme » (Le Psychologue, la science et l’extraordinaire, p. 34), aborder la psychologie transpersonnelle est possible. La quête de la recherche métapsychique peut alors commencer.
Les sujets de recherche
Charles Tart s’intéresse aux principaux sujets relevant du champ de la parapsychologie : les cinq principaux sujets d’investigation font l’objet d’une exploration toute particulière : il s’agit de la télépathie, de la psychokinèse, de la clairvoyance, de la guérison psychique, et de la précognition. Les dossiers sont complets et les raisonnements développés extrêmement rigoureux.
Les autres, sur lesquels C. Tart n’exprime aucune certitude, comme la médiumnité, les expériences de mort imminente, la réincarnation, la postcognition, ou les expériences extracorporelles. Ainsi, la réincarnation devient bel-et-bien un objet d’investigation, et des faits sont collectés quand certains individus prétendent avoir connaissance d’une de leur vie antérieure. A l’appui de cette thèse, des cas sont décrits minutieusement. Passons sur le spectaculaire de la chose, et ayons plutôt à l’esprit l’absence d’explications matérialistes.
La précognition (couramment appelée « voyance » en dehors des ouvrages de parapsychologie), est traitée de la même façon : elle y est définie, décrite objectivement, scientifiquement mise à l’épreuve, testée du point de vue de nos croyances pseudo-scientifiques, et étayée par des exemples éloquents, extraordinaires et spirituels tels que les entend Charles Tart dans Le Psychologue, la science et l’extraordinaire. Les chapitres que l’auteur lui consacre sont passionnants et leur lecture vous tiendra en haleine.
La postcognition, autre sujet d’étude, apparaît dans ce livre comme une archéologie psychique : le sujet psi semble capable de décrire à distance (dans l’espace et dans le temps) des états antérieurs d’un lieu, de les représenter (par un dessin) et de les localiser géographiquement (à défaut de les situer dans le temps). A l’appui de cette affirmation, une expérience menée et des preuves de terrain apportées.
En somme, Le Psychologue, la science et l’extraordinaire est un ouvrage qui fait office de base solide pour toute personne voulant éclairer sa compréhension des expériences hors du commun, mais aussi désireuse de s’affranchir du conditionnement matérialiste occidental à cause duquel toute expérience spirituelle, est a priori rejetée. Enfin, il permet d’étayer ses propres intuitions par de solides arguments issus des dernières études de la parapsychologie, au travers d’une enquête passionnante qui est le résultat de la quête de toute une vie par un esprit brillant, celui de Charles Tart.